L’Esthétique de la femme: une poétique sensible.
La femme, comme motif narratif dans Au pays de Mbandong et Le Cheminement de Ngniamoto de Eric Joèl Békalé.
Les lecteurs de la littérature gabonaise ont constaté la prédominance de la femme comme objet de production romanesque. A telle enseigne que l’ Anthologie consacrée à cette de littérature dont l’élaboration a vu la participation active du sémioticien Nicolas Mba-Zué, accorde à la thématique de la femme un pan majeur dans ce champ d’investigation.. L’un des premiers romanciers gabonais, Maurice Okoumba Nkoghé répondait à Michel Voltz -Mais je ne parle pas que d’elles !… elles ont de beaux rôles, c’est parce qu’elles sont des victimes de la vie ; Je rends hommage à la mère, à la camarade, à la fiancée ; à l’épouse. Une façon de corriger les mâLes erreurs- à la question suivante : Les femmes occupent aussi une place particulière dans votre œuvre : pourquoi parlez-vous si souvent d’elles ?
Au regard de certains titres très évocateurs de la gente féminine écrits par des gabonaises, citons entre autres: Féminin interdit de Honorine Ngou, Cueillez-moi jolis messieurs de Bessora, Fureurs et cris de femmes de Rawiri, Mon Amante, la femme de mon père, La fille du Komo de Sylvie Ntsame, Prisonnières d’un rêve de Douka, on peut dire sans risque de se tromper que la thématique relative à la femme est porteuse d’une certaine émulation sur la production des fictions. La vie des femmes avec leurs cortèges de vœux, de maux, de joies donnent naissance à une prose de plus en plus vivace.
Cependant des œuvres comme Au pays de Mbandong et Le Cheminement de Ngniamoto, ne permettent pas de prime abord de certifier que la femme joue un rôle déterminant dans ces textes. Etamening, héroïne du recueil de nouvelles cité ci- dessus, est une orpheline, sacrifiée au pied de l’ hôtel de l’abondance, reviendra se venger de son bourreau, tout en emportant avec elle, et dans les eaux, le fils de ce chef omnipotent, omniprésent et sans cœur qui la condamna à mourir. Elle qui jadis permit de par son sang à redonner la vie au villageois en faisant tomber la pluie et reculer la sécheresse, revint sous la forme d’une très belle et jolie femme, ôter ‘‘la vie ’’ au fils de celui qui s’était accaparé de la sienne. Sous la forme d’une créature féminine d’une beauté sublime, cette mamiwatta, (p. 41) dotée de grands pouvoirs de séduction, se présentera comme une fiancée bouleversante dont les charmes ne peuvent trouver d’égalité ici bas. Etamening l’orpheline , se fera justice grâce à ses atouts. De sexe faible et frêle face au pouvoir de Mba-Etoudi au début du texte, on la retrouve toute puissante à la fin de l’œuvre. Comme si le narrateur voulait nous signifier que même en monde fang où le pouvoir est l’apanage des hommes, ces derniers ne sont pas des sur-hommes. Ils peuvent eux aussi être gangrenés par une force plus grande, ‘‘ le remords’’, qui conduira ce chef de village au suicide.
L’image de la femme s épaissit au fil des lignes. De gamine dont les parents avaient été transportés par une tempête… Etamening intrigue et fascine Mba-Etoudi par sa beauté subliminale. Avec un rôle de justicière, elle finit par imposer sa loi. Au détriment de Mba-Etoudi et de son fils . La place de la femme dans cet ouvrage est des plus significative en ce qui est du fantastique et du mystère et surtout de la quête de la vérité, du vrai, du juste qui entoure les œuvres de Eric Joèl Békalé.
En revanche, dans Le Cheminement de Ngniamoto, la toute puissance de cet homme extraordinaire (joueur de Mvett) dont la naissance, l’éducation, et le parcours d’adulte est parsemé respectivement de cultes, d’initiation (Bwity) chez les pygmées, de faits héroïques et de la quête de l’absolu ( la vérité), relègue la femme au second plan. Le héros éponyme ne s’adonne pas de manière immodérée aux plaisirs de la chair. Lui , le grand chef, ne s’affuble pas d’un nombre infini de compagnes. Loin de jouir d’un harem où s’empile des épouses, on le voit refuser de se donner à sa femme qui pourtant ne demande qu’à vivre l’ivresse avec son mari.
Cependant, il semble que les infidélités de la celle-ci sont sévèrement punies par le châtiment suprême : la mort. Que traduit cette attitude coercitive à l’endroit de la gente féminine ? Au vu du comportement de Ngniamoto, peut-on soutenir que sa quête vers l’absolu passe par une forme de pureté qui l’oblige à créer quelque distance avec la gente féminine dont on dit souvent qu’elle est porteuse de pêché ( cf la bible) ? Ces deux textes, rejettent-ils l’image de la femme fatale ? ( si l’on tient compte de la capacité d’une ‘’trope’’ à formuler le laid pour prêcher le vrai ). Toutefois, ne dit-on pas que derrière un grand homme se cache une grande femme ? Ce dicton est-il valable en milieu fang où la phallocratie est bien une réalité ?
A.C..M.
[1] ( elle est amont dans le culte du Bwity , mais très discrète)
La femme est toujours à sa place!
Cette problématique de « la place de la femme dans la littérature gabonaise » est regulière. Pourquoi doit-on toujours poser cette question? Le récit, qu’il soit roman ou nouvelle, est une photographie, d’une manière ou d’une autre, de la société. C’est vrai qu’il s’agit, en général, d’une femme effacée, soumise, releguée à sa fonction première: celle d’être une femme (épouse et mère). La femme-homme (chef d’entreprise, élue ou autre) n’inspire pas beaucoup. Aussi, je crois qu’il revient aux femmes de se faire leur place. Une place qui, en de nombreux cas,est méritée. Pour ma part, je demande à la femme de demeurer Femme, cette puissance de l’ombre, sensuelle et véritablement féminine.
je viens de lire ‘un etrange week-end a Geneve’
meme si des le debut l’on s’attend a une fin tragique, le roman en vaut la peine.