Gabon : Michel Ndaot met en scène
« Tant que les femmes auront des couilles »
Gabon-Culture-Théatre
Par Célia Lebur
Date de parution : mardi 2 décembre 2008. Cette pièce est jouée au centre culturel français de Libreville ce 4 et 5 décembre aux heures habituelles c’est -à-dire à 20 heures 30 mn. Soyez nombreux.
LIBREVILLE, 2 décembre (Infosplusgabon) – Alors que le mois du film documentaire se poursuit au Centre culturel français (CCF) de Libreville, une pièce écrite par Ludovic Obiang, y sera présentée pour la première fois ce vendredi. La pièce de théâtre originale intitulée « Tant que les femmes auront des couilles », mise en scène par le Gabonais Michel Ndaot, devrait faire des heureux. Infosplusgabon a rencontré Michel Ndaot.
En quelques mots…
Un palais, enclos du pouvoir, abrite un univers futuriste, où les rôles se sont inversés. Ainsi règnent les femmes, sur des hommes réduits en esclavage. L’issue en est-elle meilleure ? On retrouve les mêmes vices du pouvoir, les mêmes luttes intestines pour se l’accaparer, auxquels s’ajoute le bannissement du pêché suprême, le désir charnel…
Au sommet, quatre femmes : la Régente, bientôt destituée pour ses faiblesses sexuelles, l’Indicatrice, symbole de l’armée comploteuse, la Procureuse, image de la justice détournée, et la Communicatrice, omniprésente dans tous les camps.
Face à ce régime dur et sans pitié, les hommes, surnommés « kk », s’organisent, forment une rébellion, sans jamais oser l’affrontement direct avec les dirigeantes.
Qui sortira gagnant de cette guerre du pouvoir, le nouveau sexe fort, ou l’ancien ? A moins qu’un androgyne, espèce hybride, vienne les départager…
Ce projet trouve sa spécificité dans la collaboration continue entre un auteur, Ludovic Obiang, et le metteur en scène Michel Ndaot, autour d’une pièce qui n’est pas encore éditée.
Si la pièce a beaucoup plu à ce dernier, c’est le travail entre écriture et mise en espace qui l’a rendue passionnante. En outre, Michel, à travers la plume de Ludovic Obiang, retrouve le genre dramatique dont il a fait son apanage, dans une pièce complexe, où le choix des lumières, clair-obscur, intimide.
« Vivre, créer et mourir à Elbez ».
Le metteur en scène, qui est également comédien, concède qu’il n’arrive que difficilement à vivre de son art, et doit multiplier les activités annexes, telles que les interventions dans les écoles, afin de sensibiliser les plus jeunes aux attraits des métiers du spectacle. De même qu’il peine à trouver où présenter ses créations.
Mystère…vite élucidé. « Le soutien à la création artistique en général, et théâtrale en particulier, est inexistant dans notre pays », regrette Mr Ndaot. Point de subventions, point de théâtre national, et point de ballet national. Ainsi, hormis le CCF, la capitale n’offre aucun espace pouvant abriter les oeuvres théâtrales de ses artistes.
Conséquence logique, le milieu théâtral et ses productions y sont très marginaux, le pays ne comptant pas plus d’une dizaine de metteurs en scène de théâtre. Il faut dire que cet art, qui permet l’expression d’un regard subversif à peine déguisé, peut faire peur.
A défaut, Michel Ndaot souhaiterait pouvoir présenter ses pièces dans les autres pays de la sous-région. « Les autres viennent chez nous parler de leurs guerres, et nous, n’avons peut-être pas de guerre, mais on a des choses à dire », a-t-il indiqué.
Il salue à ce titre les initiatives qui permettent les échanges internationaux et la coopération créative entre les gens de théâtre, comme il en existe chez le voisin, avec les Rencontres Théâtrales Internationales du Cameroun (RETIC), qui ont lieu chaque année.
« Je travaille pour mettre en scène ce qui est tiré du vrai, ce qui fait bouger l’Afrique, c’est ce qui me fait réagir », a-t-il poursuivi.
Selon le metteur en scène, ses principes sont un obstacle à l’épanouissement de sa carrière, expliquant le fait qu’il tourne aussi peu. Car l’artiste, indocile, ne se prive pas de dénoncer les maux du continent noir qui le choquent, comme il l’a déjà fait avec la mise en scène des textes engagés de Pierre Claver Akendengué, musicien-poète (Powé, 2005).
« Mais bien sûr, le prix de cette liberté, c’est une certaine précarité », conclut-il, un brin amer.
FIN/IPG/CLE/2008
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