Mémoires d’un Gabonais de Brienne… peint en blanc:DUFOULON Gérard
Gérard Dufoulon se souvient de sa parenthèse gabonaise
Il publie à compte d’auteur « Au pays d’Abong Toum », souvenir de 40 ans passés au Gabon en tant qu’ingénieur forestier
Willy BILLIARD
Ce livre ne devait être destiné qu’aux membres de sa famille. Et finalement, au fil des pages noircies, l’idée a progressivement germé dans l’esprit de Gérard Dufoulon d’en faire un livre. Né le 9 août 1940 à Gevrolles (Côte-d’Or), il vit avec son père médecin et sa mère sage-femme à Lesmont avant de partir en 1954 pour s’installer dans cette belle demeure du boulevard Napoléon à Brienne-le-Château.
De cette habitation, comme de cette région, Gérard Dufoulon n’en gardera que des souvenirs idéalisés. Il part très tôt au Gabon dans le cadre de la coopération – l’ancien ministre Robert Galley signe d’ailleurs la préface. Nous sommes au début des années 60 lorsque le Général de Gaulle lance ce grand mouvement. L’auteur choisit le Gabon, tout simplement parce qu’il se souvenait d’un camarade de promotion gabonais « qui était sympa ». Parti pour trois mois seulement, il n’en reviendra qu’en 2005 !
En vingt nouvelles, Gérard Dufoulon dépeint cette aventure peu banale, évoque ses amours compliquées avec son épouse Léontine (Abong Toum) de laquelle il a eu une fille, Sophie, raconte pêle-mêle ses chasses à l’éléphant, ses découvertes insolites, sa rencontre avec « le grand Docteur » Schweitzer, la tragédie du Biafra – où l’on croise un certain Bernard Mathieu venu soigner les enfants dans le cadre de son service militaire – son Noël en brousse, les difficultés de la mixité entre blancs et noirs…
« En écrivant, je revivais les scènes avec tous les petits détails qui me revenaient », explique Gérard Dufoulon. En filigrane des anecdotes, se dessine son appartenance à la mouvance gaulliste, celle des origines, son regret de voir le service militaire supprimé, sa déception de retrouver une France « en voie de sous-développement ».
« Toutes les nuits je rêve que je suis au Gabon. Mais que regrette-t-on ? Le temps passé, sa jeunesse. C’est un temps qui est révolu, que je ne peux plus revivre », soupire-t-il aujourd’hui.
À son retour en France, il s’est souvenu de ces mots prononcés par un forestier rencontré au début et à qui il demandait comment sont les Gabonais et qui ponctuent l’ouvrage : « Tous pareils… sauf qu’ils sont peints en noir ». « Tous pareils, comme au Gabon, sauf qu’ici, ils sont peints en blanc ! », rétorque aujourd’hui Gérard Dufoulon.
Au pays d’Abong Toum est disponible à la Maison de la presse et au supermarché de Brienne-le-Château.
Article paru le : 26 décembre 2009