biographie de justine Mintsa: qui est cette romancière?
Fiche, Un seul tournant Makosu de Justine Mintsa.
Biographie de l’auteur : Justine Mintsa fille d’un instituteur, est née dans la province du Woleu Ntem et plus précisément à Oyem, au Gabon le 9 avril 1957. Son mari fut le premier recteur de l’université des sciences et techniques de Makosu (située dans la province du Haut-Ogooué), socle anthropologique au sein duquel se déroule son roman intitulé Un seul tournant Makosu. Enseignante de la langue anglaise à l’Université Omar Bongo de Libreville depuis février 1978, Elle est maître assistante ( 1997) à la Faculté des lettres et des sciences humaines. Cette romancière a occupée les fonctions de directrice de la troupe théâtrale Wolespeare et de la revue Wawe du département d’anglais et surtout de directrice générale de la culture au ministère de la culture de son pays. Elle est considérée par certains critiques comme une diva des lettres gabonaises au féminin. « On lui sait gré d’avoir forcé les portes des éditions Gallimard et d’avoir montré la voie à la postérité » (Grégoire Biyogo, Corpus des corpus, Paris, l’Harmattan, 2011). Elle est l’auteur de plusieurs œuvres dont une consacrée à la jeunesse. A partir de 1996, et ce pendant plusieurs années elle a présidée l’Union Des Ecrivains Gabonais ( UDEG). Autour des œuvres de Justine Mintsa. Janvier, 1997, Premières lectures
Pays de l’auteur : Gabon Auteur : Justine Mintsa Edition : C.T.C.E. – Editions Haho Pays d’édition : Togo
ISBN : 2-906718-70-X Prix : 3.61 EUR Nombre de pages : 42 Parution : janvier 1997
Résumé de Premières lectures. Cette histoire raconte avec beaucoup de fraîcheur les charmes de l’enfance, le plaisir et la joie de lire. C’est aussi grâce à la pratique de la lecture que la jeune Obone s’éveille à la poésie, au théâtre, à l’amour et à la découverte de la culture occidentale à travers sa rencontre avec Brian. « Une nouvelle à la première personne qui, en quelques pages et avec subtilité, suggère les émotions et les questionnements d’Obone, adolescente éprise de lecture dans un milieu où cela ne se pratique pas. » (Takam Tikou no 10, 2003, p. 67).
Larme de cendres, Editions Tira, à Alger, roman paru en 2011, présenté le 2 décembre 2011 à Libreville.
Histoire d’Awu (roman) Histoire d’Awu est une histoire simple : c’est le destin cruel d’une femme de cœur dans l’Afrique rurale contemporaine, entre traditions absurdes et injustices administratives. Mariée à un homme encore jeune, mais veuf, et dont le cœur est encore pris par celle qui a disparu. Awu, en langue fang du Gabon signifie la mort.
Histoire est servie par une écriture fine et sûre, à une sorte de sérénité malgré les désillusions, la méchanceté humaine, est présent aussi sur la tradition des mœurs en Afrique. Sa vie a filé comme une tragédie, en trois actes rapides. Le temps de faire ce qu’elle devait et tout était fini, arrêté à cette image au-delà de laquelle son existence perdait son sens : « Ils étaient habillés comme pour un bal. Mais ce fut un bal singulier que leur. Un bal plané à la fin duquel, sur les grosses feuilles vertes du superbe kaba ocre, avaient éclos d’étranges roses, grosses, rouges et chaudes ; et, sur la chemise jaune délicatement amidonnée, ruisselait en abondance une encre rouge et chaude, qui emportait dans sa course des promesses et des rêves » Passage magnifique qui revient plusieurs fois dans le livre c’est celui de la baignade dans la rivière. Baignade symbolique car elle symbolise la renaissance. L’importance de l’eau. MAGNIFIQUE Publié par Malice
Un seul tournant Makosu (journal, roman )
Œuvre publiée en 1994 aux éditions de La pensée universelle à Paris. 146p. Puis, en 2004, il a été réédité aux éditions L’Harmattan à Paris. Résume : Il s’agit là d’un journal ponctué d’humour et de pathétique d’une jeune femme dans une université d’un pays en voie de développement qui pourrait être le Gabon.
Sous cette forme originale, avec une sensibilité certaine, les problèmes posés par les jeunes universités africaines, avec en arrière-plan politique, une démocratie balbutiante.
Bibliographie de Justine Mintsa 1992 : Un seul tournant Makosu , Paris, La pensée Universelle. 1997 : Premières lectures, Lomé, Hahoo, (livre de jeunesse) 2000 : Histoire d’Awu . Paris, aux éditions, Gallimard.
Pour en savoir plus sur cette romancière, lisons : Oumdouba Ouédraogo. « Un seul tournant Makousu » Amina 344 (Déc.1998), p.80. Interview. [Consulté le 2 mars 2005]. Pierrette Herzberger-Fofana. « Interview de Justine Mintsa (Gabon) » , Littérature Féminine Francophone d’Afrique Noire. Paris : L’Harmattan, 2000,pp.401-405.
Naguib Arzel « Roman gabonais : la vérité d’une femme Justine Mintsa Histoire d’Awu » afrik.com mercredi 12 avril 2000. [Consulté le 2 mars 2005]. Pascaline Mouango. « Le ministère de la Culture exhorte les femmes à communiquer avec leurs enfants en langue maternelle » Amina 399 (Juillet 2003) (Supplé p.xx.). Interview. [Consulté le 2 mars 2005]. Quelques critiques
Le personnage féminin dans Histoire d’Awu de Justine Mintsa |
Justine Mintsa s’affirme comme romancière au service de la tradition et surtout des femmes dans toute son œuvre. Dans Histoire d’Awu, la femme y a une place de choix vu que c’est elle Awudabiran, le personnage éponyme. Si Obame Afane représente l’homme éclairé sur tous les plans, s’il constitue un excellent modèle de réussite sociale, il n’en demeure pas moins qu’Awudabiran son épouse, est l’héroïne principale de l’œuvre. D’ailleurs, ce choix n’est pas fortuit car, en parcourant les notes annexes du roman, on note que l’écrivaine ambitionnait déjà de faire cette création l’œuvre de la femme. Ainsi le roman dressera le statut de la femme dans une société en pleine mutation. La femme, dans une Afrique nageant dans le respect inconditionnel des traditions, est valorisée dans cette œuvre. C’est pourquoi, notre étude s’articulera autour du seul personnage féminin d’Awu (bien qu’il y ait d’autres femmes), peinte avec toutes les qualités d’épouse et de mère ; avec ses vertus qui font d’elle un être qui s’affirme et qui aura finalement une place de choix dans cette société. La tradition est utilisée par certains pour asservir la femme. Mais c’est au nom de cette tradition qu’Awu réorganisera la vie à Ebomane. Nous le verrons à travers cette analyse progressive que la femme jadis, objet dont on pouvait se défaire à tous moments, est en fin de compte le seul salut possible de l’homme. I-La femme prise comme objet
Dans la ville d’Ebomane comme dans toutes les contrées Fang, la femme est souvent chosifiée car elle est considérée comme étant la possession de l’homme qui aura payé cher sa dot. Cela se justifie dès la page 12 « en échange de leur fille, la famille a reçu une somme rondelette, des pagnes, de la boisson et du bétail en quantité respectable… ». Ce passage nous plonge dans un vieux débat, celui de la pratique de la dot ou non. La femme en se mariant a donc un devoir de soumission et d’abnégation face à tous ses beaux-parents. Elle est partie intégrante des objets de son mari. C’est pourquoi, après la mort d’Obame Afane, Nguéma Afane qui est l’héritier des biens de son grand frère, devient automatiquement le possesseur de tout ce qui a appartenu à son défunt frère, dont Awu sa femme. D’ailleurs, il entend traiter celle-ci comme sa propriété. Cela continue pendant les funérailles et, on note avec effroi les supplices et l’humiliation dont est victime Awu, cette femme qui s’est durant des longues années sacrifiée pour le bonheur de son époux et de toute la famille. Mais la mort venue, ses beaux-parents se transforment en tortionnaires en la dénudant, la dépouillant de ses biens et, en lui introduisant le piment dans la porte de la vie. Awu est remerciée en monnaie de singe après tous ces sacrifices. Mais, elle va très vite de se reprendre et montrer aux yeux de tous que même en étant femme on a voix au chapitre. II- La femme amoureuse La lecture de l’œuvre s’ouvre sur une scène qui semble banale. Il s’agit d’Awu qui est entrain d’accomplir un acte quotidien, celui de faire de la couture. En effet, elle s’y applique et y croit car, de la même façon qu’elle transforme le tissu en vêtement, elle entend employer cette méthode magique pour construire sa vie, et celle de toute sa maison : « le point de chainette était plus que jamais le point de l’amour, le point de la vie ». Oui l’amour est ici célébré et Awu y croit pour bâtir solidement son couple. Pendant que pour sa bonne foi et sa bonne moralité Obame Afane « mettait un point d’honneur à être un bon père et mari responsable », Awu quant à elle refuse les artifices. Elle se veut bonne épouse et bonne mère par le cœur. Ce sont les principes qu’elle essayera d’inculquer à ses enfants pour leur épanouissement. L’écrivain fait ainsi du personnage féminin un idéal,un modèle absolu. On a envie de dire il vaut mieux être une femme car celle-ci est le garant de la stabilité, paix et de la prospérité du foyer. On s’aperçoit qu’Awu n’est pas une personne ordinaire tant ses qualités débordent les limites du réel et de l’imagination. Comme la plupart des jeunes femmes d’Ebomane, Awu s’engage dans le mariage très jeune (18 ans), et a des rêves pleins la tête. La romancière la classe parmi ces femmes aspirant au prince charmant. Celui d’Awu est Obame Afane dont elle est réellement amoureuse. Mais même cela c’est une nouveauté car les femmes dans nos sociétés traditionnelles n’avaient pas le temps de vivre des histoires d’amour romantiques. Awu aime et voudrait être aimée de son mari sans condition. Mais l’image de Bella, la première femme d’Obame est toujours présente dans l’esprit de ce dernier. Aussi, Awu est-elle malheureuse « bien sûr, elle l’avait pour elle seule toutes les nuits, mais le soupçonnait d’être ailleurs pendant qu’il se donnait à elle ».P13 Femme romantique, dévouée, fidèle, Awu croit en l’amour. Mais l’amour est ingrat vis à vis de la jeune femme. Awu se refuse à n’être qu’une « poule pondeuse », un objet de plaisir. Doit-elle toujours faire plaisir à l’homme et souffrir en silence ? Le rêve d’Awu est simple : « qu’un jour son mari la tienne par la taille et la serre très fort, à lui faire perdre le souffle ».p15 Mais il s’agit d’un rêve et, il ne se réalisera jamais car son amour partira très tôt. En dépit de toutes ces frustrations, Awudabiran ne démord pas, ne faillit pas à sa tâche. Jusqu’à la fin de son parcours avec son époux, elle rayonnera de bonheur et, amènera ses belles-sœurs à l’admirer et même à la défendre au besoin. III- Un monde au féminin
Histoire d’Awu présente la femme comme un véritable support, qui garantitle rayonnement de la société. La femme est non seulement le pilier du foyer mais aussi celui de la société toute entière. Comme le dit Aragon « l’avenir de l’homme est la femme ». Et, l’avenir d’Obame Afane et de sa famille semble bien être ici Awudabiran. Le projet de la romancière n’est pas de changer les règles établies depuis des générations où l’homme serait le chef, mais de montrer que la femme est un être à part entière, qui ne s’oppose pas l’homme (pas un adversaire), mais qui se révèle être l’amie, le partenaire de l’homme. Ils sont complémentaires. Ainsi dans le roman, Awu veille à ce qu’il ne manque rien à la maison et à son mari. Elle vient en aide financièrement et moralement à toute sa famille dans la plus grande discrétion car elle sait où est sa place. La femme ici a l’image de la mère ; la mère de tout le monde. En définitive, en associant tradition et modernité, la romancière Justine Mintsa a voulu dévoiler aux lecteurs que nous sommes, la femme dans toute sa splendeur. Lire Histoire d’Awu c’est donner la parole aux femmes et, croire que l’homme et la femme ne font qu’un, une seul et unique personne. Par Tyte Marie MABOUMA