Au soir de ma lecture de » Sous le pont de Bomo », je constate avec force que je ne m’étais pas trompée en criant que je venais de découvrir une puissante plume gabonaise. Cette seconde publication que je lis justifie mes jugements. En effet, après avoir parcouru la véritable leçon de vie sur la différence entre fatalité et fatalisme, entre envie de se dépasser et tentacules méandreuses et nauséeuses d’un passé mal assumé et d’un avenir toujours à conquérir, en faisant fi d’un passé non glorieux, je constate ici que l’existentialisme sartrien ( on est que ce que l’on se fait soi même) peut être une philosophie de vie qui a sa valeur dans une société où ressembler aux autres, à ceux qui ont » réussi » constitue la pierre que le condamné ( comme Sisyphe de Camus), le mal loti, doit rouler, oubliant pour sa part ses limites à être les autres qu’il ne sera d’ailleurs pas.
Bien mis en valeur par des phrases complexes au développement instructif, soutenues le plus souvent par des propositions subordonnées relatives qui permettent de mieux caractériser, mieux faire comprendre l’essence des sujets et des objets évoqués, cette écriture du passé-présent et du présent du passé de Ndoka( p.98), est une véritable fresque sociale..
Partir du simple au composé, en y adjoignant des nuances résolument significatives font de ‘’ Sous le pont de Bomo’’ l’antithèse de ‘’sur le pont de Bomo’’ véritable lieu d’ouverture par des échanges discursifs les plus inattendus. On passe en effet de la possible confrontation à la révélation de la vérité, à la prise de conscience fondamentale d’une certitude souvent niée.
Il semble que cette dernière git ‘’Sous’’ le pont de Bomo et qu’en se mettant sur lui, les effluves du vrai ou de la réalité remontent à la surface et parviennent jusqu’aux yeux des promeneurs pas toujours solitaires comme Ndoka.
Le vocabulaire varié et les synonymes indexés aux verbes, adverbes et adjectifs, donnent aux noyaux » noms » ou autres prédicats la force, la puissance et le rythme d’un discours coulant aux confins de la réalisation de l’homme dans un monde composé de valeurs individuelles, plurielles, différentes et souvent complémentaires pour peu que l’on sache les mettre ensemble.
Charnet Annie Lucienne
Sous le pont de Bomo, 2011, Libreville, les éditions Odette Magangna, ISBN: 978-2-919487-02-8